Conseil d'Alsace et réforme territoriale – Une manifestation en demi-teinte

Publié le 12 Octobre 2014

Conseil d'Alsace et réforme territoriale – Manifestation du 11 octobre

 

La manif' de la division

 

 

Manifestation-11-octobre-copie.jpg15 000 manifestants au moins étaient espérés à Strasbourg ce samedi 11 octobre à 14h30. Sous un soleil finalement de la partie, il y en aura eu deux fois moins, malgré un battage médiatique et une mobilisation exceptionnelle d’élus locaux (de nombreux bus affrétés, des TER à 5€, des trains supplémentaires, des groupes musicaux sur une énorme scène, une dramatisation à outrance des enjeux...). Mais il y aurait eu beaucoup plus de monde si les organisateurs de cette manifestation n’avaient pas fait le choix indécent de mêler, dans leurs revendications, d'une part le légitime refus d’une grande région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, dont on ne voit pas vraiment ce qu’elle pourrait apporter, avec d'autre part le soutien au projet, lui aussi toujours aussi flou, de Conseil Unique d’Alsace, pourtant refusé par voie référendaire le 7 avril 2013.

 

Diviser au lieu de rassembler !

 

Au lieu de proposer une motion unitaire et rassembleuse, respectueuse des électeurs, les « acharnés » du 22 septembre ont ainsi préféré jouer les arrière-pensées politiciennes, en tentant d’instrumentaliser les manifestants, en leur faisant dire ce qu’ils ne voulaient pas et ce qui avait déjà été refusé par les urnes, au prix d'une grave crise de légitimité. Les abstentionnistes et les « nonistes » du 7 avril avaient pourtant montré assez fortement que le projet, mal ficelé, n’était pas attendu comme une planche de salut. Sans compter que rien n'a été fait pour proposer de meilleurs arguments pour défendre l'idée d'une collectivité unique (on ne sait par exemple toujours pas comment elle pourrait être articulée avec Strasbourg eurométropole).

Appeler à manifester contre les résultats d'un référendum, c'était assez inédit... Combien ont été découragés par ce choix antidémocratique, soutenu à mi-mots par certains journalistes ? On ne le saura jamais. Ce qui est sûr c’est que cela n’a pas été la plus habile des solutions. C’était même particulièrement grossier. Et cela se voit dans les résultats, avec un rassemblement qui a commencé à se disloquer après le discours de Philippe Richert, vers 16h, alors que le programme des animations s'étendait jusqu'à 18h.

 

Retour sur les chiffres

 

CR68 20 minutesS’il est inutile de polémiquer vainement sur les chiffres, des éléments permettent tout de même certaines mises au point. Sur la place de Bordeaux, la superficie entre la scène et la régie était de 2 500 m². Si 20 000 personnes avaient été là, on parviendrait douloureusement à 8 manifestants au m². Or la foule n’était pas compacte sur toute sa longueur. Les 2/3 de la profondeur de la place étaient occupés, mais peu de gens derrière la régie. Avec 3 ou 4 personnes au m² en moyenne, les chiffres annoncés par les autorités sont donc plutôt convaincants : si l'on dépasse les 7 000 personnes, ce n'est pas de beaucoup. Cela fait à peine 0.55% des inscrits, auxquels il faudrait encore déduire les mineurs. C'est beaucoup moins que la manifestation de Nantes le 27 septembre dernier qui faisait rêver nos élus (il s'agissait là de la volonté d'agrandir la Bretagne par un nouveau département, derrière des revendications nationalistes et identitaires). C'est aussi moitié moins que la "Strasbourgeoise", marche contre le cancer du sein qui a bloqué le centre-ville de Strasbourg la veille au soir avec 15 000 participantes. Au fait, aura-t-on la transparence requise sur les chiffres de la fréquentation des TER alsaciens (il semblerait qu'ils n'ont pas fait florès), et le bilan financier de l'opération ?

 

Une forte présence autonomiste

 

Dans ce succès en mi-teinte (ou cet échec relatif), il faut tout de même reconnaître que Philippe Richert a eu le courage de faire chanter la Marseillaise, reprise par de nombreux manifestants, pour montrer que l’Alsace « ne tourne pas le dos à la France », au milieu des huées des autonomistes répartis dans la foule, très mobilisés, très visibles sous des pancartes parfois agressives et les couleurs du « rot un wiss » (un drapeau officialisé le 25 juin 1912, sous le régime du Reichsland, pendant l'annexion prussienne de 1871 à 1918). Sans doute y aurait-il eu aussi plus de monde si un tel discours, plus républicain, avait été tenu plus fermement depuis la campagne avant le référendum, au lieu d’alimenter régulièrement les fantasmes et la joie des autonomistes. Il y a d'ailleurs encore beaucoup à faire pour conjurer les démons identitaires, lâchés par nos apprentis sorciers institutionnels du gouvernement socialiste (mais précédés par ceux du gouvernement Sarkozy dont a fait partie Philippe Richert).

 
96% ?


Lors de son discours, le président du conseil régional a aussi claironné que "le Haut-Rhin et le Bas-Rhin" ont dit "à 96%, non à l'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne et oui au conseil d'Alsace". Comment Philippe Richert peut-il avancer ce chiffre de 96%, repris par la presse ? Mention spéciale aux élus PS qui, par leur attitude ambiguë, ont permis d'obtenir ce chiffre. En effet, ils étaient 108 conseillers sur 122 le 24 novembre 2012 à voter pour le conseil unique, soit 88,5% des votants ; ils ont été 101 sur 122 le 22 septembre 2014 à soutenir le conseil d’Alsace (malgré la claque du referendum entre les deux).  En fait, ne voulant pas dire « non » lors du scandaleux vote du 22 septembre 2014, préférant aussi ne pas s’abstenir, la majorité des socialistes a finalement décidé de ne pas participer au vote. Voici comment obtenir l’inverse de ce que l’on souhaite par de mauvais calculs et une posture finalement peu courageuse.

 

Seconde lecture à partir du 29 octobre

 

Beaucoup a été fait ces derniers jours pour tenter de faire oublier les résultats de la consultation populaire du 7 avril 2013. Entre un appel parfois trompeur à la manifestation (vous venez contre la fusion des trois régions et on vous compte automatiquement comme partisan du Conseil Unique), un « sondage » de presse à la déontologie douteuse (effaçant de la carte toute une portion de l’électorat, celle qui s'est exprimée contre le projet de Collectivité unique), ou encore l’utilisation indigne du service public à des fins partisanes (avec les trains spéciaux affrétés et le tarif spécial à 5€ pour les manifestants), nous parvenons à des sommets de mauvaise foi, voire de peu glorieuses manipulations.

 

Avec le retour sur la table de travail des parlementaires de la loi sur la réforme territoriale, en deuxième lecture à partir du 29 octobre prochain, il nous faudra rester vigilants et envisager des actions concrètes pour faire respecter notre vote et défendre le principe départemental, garant d'une meilleure proximité.

 

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M.L.

 

 

 

chronologie CUA sommaire-copie-2--> Conseil unique d'Alsace - Le rappel des faits - Chronologie 2010-2014 (25 octobre 2014) - Où l'on pourra se remémorer les faits depuis l'autorisation légale de l'expérimentation institutionnelle en décembre 2010 jusqu'au retour forcé du conseil unique d'Alsace par la fenêtre, après qu'il ait été sorti par la grande porte du référendum.

 

 

amendement senat alsace--> Conseil Unique d'Alsace le retour - L'amendement du Sénat (22 octobre 2014) - Où l'on verra que la campagne de mauvaise foi contre les résultats du 7 avril a des répercussions au Sénat où de nombreux Alsaciens, légitimement hostiles à la grande région Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne, sont fait cocus par leurs élus...

 

citoyens en colere 2 copie--> Retour du conseil d'Alsace - Les ficelles (médiatiques) sont un peu grosses - Halte aux manipulations ! (où l'on verra comment les électeurs qui ont voté non le 7 avril 2013 sont rayés de la carte par un "sondage" réalisé dans la presse locale)

 

 

Manifestation du 11 octobre Strasbourg 2-->  Tarif spécial - La mascarade du 11 octobre (4 octobre 2014) - Où l'on verra que le Conseil d'Alsace outrepasse ses prérogatives pour soutenir une manifestation à caractère politique en demandant à la SNCF de mettre en place un tarif TER spécial de 5€.

 

 

22 septembre vote des trois conseils alsace--> Vote du 22 septembre 2014 en Alsace : l'orage n'a pas fini de gronder (où l'on verra la trahison des élites à l'égard du suffrage populaire exprimé lors du référendum du 7 avril 2013)

 

Richert retour du conseil d Alsace--> Retour du Conseil Unique d'Alsace - Crise de légitimité et responsabilité politique (18 septembre 2014) - Où l'on verra combien nos élites semblent avoir perdu le sens de la démocratie et de la République. Que l'on ait voté pour ou contre en Alsace lors du referendum du 7 avril 2013, cela doit choquer. Et cela choquera. Les nuages continuent de s'amonceler à l'horizon, et il y a fort à craindre pour l'avenir. Elus, élues, le tonnerre gronde. Que ferez-vous ? Que ferons-nous ?

 

 

collectivite territoriale suppression referendum copie--> Suppression de la condition de referendum et retour du Conseil Unique d'Alsace (29 août 2014) - où l'on apprendra que dans le cadre de la loi sur la fusion des régions un amendement vise à supprimer la condition de referendum pour les fusions et modifications de collectivités territoriales. Et de voir les partisans de la Collectivité unique reprendre du poil de la bête...

 

 

 

 

L'analyse des résultats du  7 avril 2013 :

infographie-les-resultats-du-referendum

 

--> En Alsace, c’est  « non » ! (9 avril 2013) - (où l’on trouvera des éléments d’analyse pour comprendre les résultats du 7 avril 2013 et faire le bilan de la campagne référendaire).

 

 

 

Dix raisons de voter non  en 2013 :


--> schema-referendum_cta.pngDix raisons de voter non : ce projet est une usine à gaz complexe qui, loin de permettre des économies risque bien de nous coûter cher. En participant à l'émiettement institutionnel de la France, il nous affaiblira sans doute plus qu'il nous renforcera. C'est un projet précipité et flou, sans aucune vision d'ensemble, et qui sert de cache-misère politique. Sur fond de crise de confiance généralisée et de fantasmes autonomistes, nos élus risquent de s'enfermer dans une bulle, car la proximité annoncée n'est qu'illusoire. Refusons le chèque en blanc.

 

 

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Rédigé par Cercle Républicain 68

Publié dans #Alsace

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